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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

nant, au collège de Reichenau, des leçons de géographie et de mathématiques.

Je voyais encore ce petit tableau de Couder ; je n’étais, comme je l’ai dit, qu’à quelques lieues de Reichenau : je résolus de visiter cette salle où le roi de France actuel avait passé, en gagnant cinq francs par jour, une des plus honorables années de sa vie. J’avais souvent entendu dire que, malgré ses seize millions de liste civile et son château des Tuileries, peut-être même à cause de son château des Tuileries et de ses seize millions de rente, il murmurait quelquefois :

— Ô Reichenau ! Reichenau !…

Je fis donc mes quelques lieues, — dont deux ou trois en côtoyant le Rhin, couleur d’ardoise à cet endroit-là, lui si bleu en Allemagne, — et j’arrivai à Reichenau.

Le même jour, j’écrivis au duc d’Orléans la lettre suivante, qui se trouve entièrement reproduite dans mes Impressions de Voyage :


« Monseigneur,

» La date de cette lettre, le lieu d’où elle est datée, vous expliqueront facilement le sentiment auquel je cède en l’adressant à Votre Altesse.

» Je viens parler, non pas au prince royal héritier de la couronne de France, de Sa Majesté le roi Louis-Philippe, actuellement régnant, mais au duc de Chartres, élève à Henri IV, du duc d’Orléans, professeur à Reichenau.

« J’écris à Votre Altesse de cette même salle où votre père exilé a enseigné les mathématiques et la géographie ; ou plutôt de cette même salle, pressé par l’heure de la poste, j’envoie à Votre Altesse la page que je viens de déchirer de mon album. »

REICHENAU.


« Ce petit village des Grisons n’a rien de remarquable, que l’anecdote étrange à laquelle son nom se rattache.

» Vers la lin du dernier siècle, le bourgmestre Tscharncr,