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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

lettre était ouverte sur la table : M. Joly s’en empara ; et acquit ainsi la preuve que Madame était dans la maison ; il ne sagissait que de la trouver.

Des sentinelles furent posées dans tous les appartements, tandis que la force armée fermait toutes les issues. Le peuple, s’amassait et formait une seconde enceinte autour des soldats ; la ville tout entière était descendue dans ses places et dans ses rues ; cependant, aucun signe royaliste ne se manifestait ; c’était une curiosité grave, voilà tout ; chacun sentait l’importance de l’événement qui allait s’accomplir.

Les perquisitions étaient commencées à l’intérieur ; les meubles étaient ouverts lorsque les clefs s’y trouvaient, défoncés lorsqu’elles manquaient. Les sapeurs et les maçons sondaient les planchers et les murs à grands coups de hache et de marteau. Des architectes, amenés dans chaque chambre, déclaraient qu’il était impossible, d’après leur conformation intérieure, comparée à la conformation extérieure, qu’elles renfermassent une cachette, ou bien découvraient les cachettes qu’elles renfermaient ; dans une’de celles-ci, on trouva divers objets, entre autres, des imprimés, des bijoux, de l’argenterie appartenant aux demoiselles Duguigny, mais qui, dans ce moment, ajoutèrent à la certitude du séjour de la princesse dans la maison. Arrivés à la mansarde, soit ignorance, soit générosité de leur part, les architectes déclarèrent que là, moins que partout ailleurs, il pouvait y avoir une retraite. Alors, on passa dans les maisons voisines, où les recherches continuèrent ; au bout d’un instant, la duchesse entendit les coups de marteau que l’on frappait contre le mur de l’appartement contigu à sa cachette ; on le sondait avec une telle force, que des morceaux de plâtre se détachèrent et tombèrent sur les captifs, et qu’un instant il y eut crainte que le mur tout entier ne s’écroulât sur eux.

Madame entendit aussi les injures et les imprécations des soldats fatigués et furieux de l’inutilité de leurs recherches.


    surtout qui avait fait donner cet avis à Madame serait bien curieuse a nommer, si la nommer notait pas, de ma part, une dénonciation.