— Mais l’Écho d’abord, la Quotidienne ensuite, puis le Constitutionnel.
— À vous, madame, le Constitutionnel ?
— Pourquoi pas ?
— Seriez-vous prête à abjurer votre politique, comme Henri IV a fait de sa religion, et diriez-vous : « Paris vaut bien une charte ? »
— Croyez-vous que la lecture du vénérable Constitutionnel puisse me convertir ?
— Certes ! c’est un journal très-serré de raisonnement, et très-entraînant de conviction !…
— C’est égal, je me risque : je voudrais aussi le Courrier français.
— Le Courrier ! mais Madame n’y pense pas ; elle va devenir ultra-libérale.
— Écoutez, général : moi, j’aime tout ce qui est franc et loyal ; je désire aussi l’Ami de la Charte.
— Oh ! pour le coup, c’est du jacobinisme !
— Celui-là, c’est pour un autre motif, général, dit-elle à Dermoncourt avec mélancolie ; celui-là m’appelle toujours Caroline tout court, et c’est mon nom de jeune fille ; or, je regrette mon nom de jeune fille, car mon nom de femme ne m’a pas porté bonheur.
— Il se fit un instant de silence ; puis la duchesse demanda à Dermoncourt s’il la connaissait avant les événements de juillet.
— Non, madame, lui répondit-il.
— Mais vous n’êtes donc jamais venu à Paris ?
— Pardon, madame, répondit Dermoncourt : j’y ai été deux fois pendant la Restauration.
— Comment ! général, vous êtes venu deux fois à Paris, et vous ne m’avez pas vue ?
— Pour une bonne raison, lui répondit Dermoncourt.
— Expliquez-moi donc cela.
— C’est que, quand je voyais venir Madame d’un côté, je m’en allais bien vite d’un autre.
— C’est peu galant, monsieur ; mais, enfin, pourquoi ?