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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/184

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Mais pourquoi ne pas s’être expliqué d’une manière plus claire ?

— Parce que Madame, répondit Dermoncourt, avait éprouvé tant de secousses dans la journée, que je voulais lui conserver au moins une bonne nuit, et que je savais qu’elle ne pourrait dormir si elle était informée que, pendant son sommeil, on devait transférer M. Guibourg en prison.

— Et vous, Stylite, pourquoi ne m’avez-vous rien dit, puisque vous aviez compris les paroles du général ?

— Par la même raison que le général, madame.

La duchesse s’apaisa et parut même savoir gré à Dermoncourt de la circonspection qu’il avait apportée dans cette circonstance. Sur l’observation qu’il lui fit alors, qu’il avait remarqué qu’elle conservait la même robe que la veille, où l’on apercevait les trous occasionnés par les brûlures, et les mêmes bas, elle lui répondit :

— Le peu d’effets que j’ai sont chez les demoiselles Duguigny ; d’ailleurs, mon cher général, pendant la vie que j’ai menée depuis six mois, je ne m’occupais guère de ma garde-robe ; voilà pourquoi je n’ai rien. Seriez-vous assez bon pour aller chez ces demoiselles, et me faire apporter ce qui s’y trouve ?

— Je suis aux ordres de Madame.

La duchesse fit une note et la remit au général.

Un des substituts du procureur du roi, qui par hasard se trouvait présent, et qui avait fait mettre les scellés à l’appartement qu’avait occupé la princesse, ainsi qu’à la chambre de la cachette, fut invité par le général à se rendre sur les lieux pour retirer les objets indiqués dans la note.

« Nous nous transportâmes, en conséquence, dit Dermoncourt, dans la maison Duguigny, où nous ne trouvâmes, suivant ce que nous avait dit la duchesse, que très-peu de chose. Parmi les objets désignés dans la note, il devait y avoir une boîte remplie de bonbons, qu’effectivement nous rencontrâmes, mais vide. De retour de ma mission près de la duchesse, je lui en rendis compte, en lui faisant observer que j’avais bien trouvé la boîte, mais que les bonbons qu’elle contenait avaient disparu. »