Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
204
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Vous voyez bien, monsieur le critique, que Triboulet n’est pas seul quand sa fille vient se jeter dans ses bras, et que, si les seigneurs sortent, ce n’est point parce que le bouffon du roi leur a ordonné de sortir, mais parce qu’ils ne savent comment demeurer devant le père de Blanche.

Au lieu d’être fausse, comme vous le prétendez, la scène est, au contraire, si profondément creusée, que vous n’ayez pas osé la suivre dans cette blessure du cœur que vous avez prise pour un abîme.

Oh ! monsieur le critique, c’est que, pour faire le métier que vous faites, il faut être de la taille au moins de celui que vous critiquez. Voyez-vous un Lilliputien faisant l’analyse de Gulliver !


« En ce moment, continuez-vous, monsieur le critique, en ce moment, le comte de Saint-Valiier, qu’on va mener à la Bastille, recommence ses imprécations contre François Ier, et dit :


Puisque, par votre roi d’outrages abreuvé,
Ma malédiction n’a pas encor trouvé,
Ici-bas ni là-haut, de voix qui me réponde,
Pas une foudre au ciel, pas un bras d’homme au monde,
Je n’espère plus rien ; — Ce roi prospérera.

TRIBOULET, relevant la tête,

Comte ! vous vous trompez ! — Quelqu’un vous vengera ! »


Vous voyez bien que, vous aussi, vous vous trompiez, monsieur le critique, et que M. de Saint-Valiier sert à quelque chose.


« Ce troisième acte est d’une immoralité révoltante ! poursuit le critique. Le même dégoût nous attend au quatrième acte. Nous apercevons la maison du brigand Saltabadil ; c’est une espèce de cabaret. Le roi y vient au milieu de la nuit ; il s’attable, et demande à boire : on lui en apporte, »