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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/263

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Ce fut ce jour-là, et à cette occasion, que le dépouillé, à qui Gauthier avait pu prendre ses dix-huit sous, mais non son esprit et sa verve, fit sa fameuse chanson :

J’nai qu’un sou,
J’nai qu’un sou,
La richess’ n’est pas l’Pérou ;
Je dîn’rai je ne sais pas où ;
Mais, pour sûr, je n’ai qu’un sou !

Je ne me souviens pas du reste de la chanson, mais dites à Henry Monnier de vous la chanter, il vous la chantera ; et, en outre, il se rappellera comme moi à quelle occasion elle a été faite.

CCLXII

Eugène Sue a l’ambition d’un groom, d’un cheval et d’un cabriolet. — Il fait, avec la maison Ermingot, Godefroy et Cie, une affaire qui lui permet de se passer cette fantaisie. — Triomphe aux Champs-Élysées. — Fâcheuse rencontre. — Desforges et Eugène Sue se séparent. — Desforges fonde le Kaléidoscope à Bordeaux. — Ferdinand Langlé fonde la Nouveauté à Paris. — César et le nègre Zoyo. — Dossion et son chien.

Le temps s’écoulait, Eugène Sue devenait grand garçon, le docteur Sue resserrait de plus en plus les cordons de sa bourse. On avait envie d’avoir un groom, un cheval et un cabriolet ; il fallait recourir aux expédients.

On fut mis en rapport avec deux honnêtes capitalistes, lesquels vendaient du vin aux jeunes gens de famille qui se sentaient la vocation du commerce : ils se nommaient MM. Ermingot et Godefroi. — Nous ignorons si ces messieurs font encore le métier ; mais, ma foi, à tout hasard, nous citons les noms, espérant que l’on ne prendra pas les lignes que nous écrivons pour une réclame.

MM. Ermingot et Godefroi allèrent aux informations ; ils surent qu’Eugène Sue devait hériter d’une centaine de mille