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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/266

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

l’affaire Ermingot et Godefroi ; ceux-ci venaient d’avoir un petit désagrément en police correctionnelle qui les rendit tout à fait coulants : moyennant deux mille francs, ils rendirent les lettres de change, et donnèrent quittance générale.

Sur quoi, Eugène Sue s’engagea à rejoindre son posto à l’hôpital militaire de Toulon.

Desforges perdit toute la confiance du docteur ; il fut reconnu qu’il avait trempé jusqu’au cou dans l’affaire Ermingot et Godefroi, il fut mis à l’index ; ce qui le détermina, toujours facilité par sa fortune indépendante, à suivre Eugène Sue à Toulon.

Damon n’eût pas donné une plus grande preuve de dévouement à Pythias.

On partit après avoir passé la nuit ensemble ; mais, au moment du départ, l’enthousiasme fut tel, que Romieu et Mira, — Mira était le fils du célèbre Brunet, — que Romieu et Mira. résolurent d’escorter la diligence. Eugène Sue et Desforges étaient dans le coupé ; Romieu et Mira galopaient aux deux portières.

Romieu galopa jusqu’à Fontainebleau ; là, il fallut le descendre de cheval.

Mira, s’entêtant, fit trois lieues de plus ; puis force lui fut de s’arrêter.

La diligence continua majestueusement son chemin, laissant les blessés sur la route.

On arriva le troisième jour à Toulon. — Aujourd’hui, on y va en vingt-quatre heures.

Le premier soin des exilés fut d’écrire pour avoir des nouvelles de leurs amis : Romieu avait été ramené dans la capitale sur une civière. Mira avait préféré attendre sa convalescence là où il était, et, quinze jours après, il était rentré à Paris en voiture.

On s’installa à Toulon, et l’on commença de faire les beaux avec les restes de la splendeur parisienne. Ces restes de splendeur, un peu fanés à Paris, étaient du luxe pour Toulon.

Les Toulonnais commencèrent à regarder les nouveaux.