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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/309

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Cette lettre fut reçue le 4.

Le 5, les journaux patriotes contenaient la note suivante :


« Les lettres adressées hier par nos amis aux champions de la légitimité ont été appuyées aujourd’hui de démarches faites par plusieurs d’entre eux auprès deces messieurs, pour les engager à prendre un parti, et à ne pas prolonger une situation qui n’était jusqu’ici ni une acceptation ni un refus, formel. Il paraît maintenant qu’il n’y a plus d’équivoque. On n’accepte pas. »


Pendant ce temps, les rencontres partielles avaient lieu.

Le 2 février, préoccupé par la première représentation de Lucrèce Borgia, je n’avais fait qu’une courte apparition au National ; on n’y savait pas encore le résultat de la rencontre. J’y trouvai M. de Beauterne, un de mes amis, caractère fiévreux et exalté. Il venait se faire inscrire ; mais, apprenant que la liste était close, il résolut d’agir pour son propre compte.

Nous revînmes ensemble, il monta chez moi, me demanda une plume, de l’encre et du papier, et écrivit à Nettement, rédacteur de la Quotidienne, pour lui offrir une rencontre.

Il me pressait beaucoup d’en faire autant ; cela m’était assez difficile : tout républicain que j’étais, je comptais certainement plus d’amis parmi les carlistes que parmi les républicains.

Il y mit une telle insistance, qu’il n’y eut pas moyen pour moi de reculer.

Je pris à mon tour la plume et j’écrivis :


« Mon cher Beauchêne,

» Si votre parti est aussi bôte que le mien, et vous force de vous battre, je vous demande la préférence, enchanté que je serai toujours de vous donner une preuve d’estime, à défaut d’une preuve d’amitié.

» Tout à vous,
» Alex. Dumas. »