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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/72

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


Lorsqu’on eut, pour sa soif, posé devant la France
Un vase tout rempli du vin de l’espérance…
Avant qu’il eût goûté de ce poison doré,
Avant que de sa lèvre il eût touché la coupe,
Un Cosaque survint, qui prit l’enfant en croupe,
Et l’emporta tout effaré !


L’histoire du pauvre enfant ne peut être faite que d’oppositions. Empruntons à M. de Montbel une lettre qui annonce l’impatience avec laquelle était attendue, dans la ville impériale de Vienne/l’annonce de sa naissance :


« Vienne, 26 mars.

» Il serait difficile d’exprimer l’impatience avec laquelle on attendait, ici, la nouvelle de la délivrance de Sa Majesté l’impératrice des Français. Dimanche 24, à dix heures du matin, l’incertitude a cessé : la dépêche télégraphique qui annonçait cette heureuse nouvelle a été remise à M. l’ambassadeur de France, quatre jours et une heure après cet événement, par M. le chef d’escadron Robelleau, premier aide de camp de M. le général Desbureaux, commandant la cinquième division militaire. Le bruit en fut bientôt répandu, et causa une joie générale.

» M. de Tettenborn, aide de camp du prince de Schwartzenberg, parti de Paris dans la journée, et arrivé quatorze heures après le chevalier Robelleau, confirma cette heureuse nouvelle. Enfin, un courrier de cabinet français arriva dans la matinée du 25, porteur de la lettre officielle par laquelle l’empereur Napoléon en faisait part à son auguste beau-père.

» Le contentement de Sa Majesté fut extrême, et partagé par toute la cour M. l’ambassadeur de France étant indisposé et retenu chez lui, le premier secrétaire d’ambassade se rendit au palais, où il fut introduit dans le cabinet de l’empereur, et eut l’honneur de remettre lui-même à Sa Majesté la lettre de l’empereur son maître.

» Le dimanche même, le chambellan du jour avait été envoyé, par l’empereur, à l’ambassadeur de France, pour le