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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/74

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

dresserez un procès-verbal qui devra être signé par vous et vos collègues, et contre-signé par le gouverneur ; chacun de MM. les commissaires sera tenu de soumettre, tous les mois, à sa cour, un exemplaire de ce procès-verbal, muni de leurs signatures et d’un contre-seing du gouverneur.

» Vous éviterez, avec le plus grand soin, toute espèce de communication avec Napoléon Bonaparte et les individus de sa suite. Vous vous refuserez positivement à celles qu’ils pourraient cherchera établir avec vous ; et, dans le cas où ils se permettraient, sous ce rapport, des démarches directes, vous en rendriez compte sur-le-champ à M. le gouverneur.

» Quoique vous ne soyez nullement responsable de la garde de Bonaparte, ni de celle des individus qui composent sa suite, s’il parvenait à votre connaissance qu’ils s’occupent des moyens de s’évader ou d’entretenir des rapports au dehors, vous en préviendriez sans délai M. le gouverneur.

« Vos fonctions se bornent à celles qui vous sont indiquées par les présentes instructions. Vous vous abstiendrez, avec la plus scrupuleuse exactitude, de toute démarche isolée, notre intention positive étant que vous vous concertiez surtout avec messieurs vos collègues, que vous agissiez toujours de concert avec eux, et d’accord avec M. le gouverneur.

» Vous profiterez, enfin, de toutes les occasions qui se présenteront pour nous faire parvenir directement vos rapports.

» Metternich.
» Paris, 31 octobre 1815. »

Voilà de la politique.

Maintenant, voici de la poésie :


Oui, l’aigle, un soir, planait aux voûtes éternelles,
Lorqu’un grand coup de vent lui cassa tes deux ailes ;
Sa chute fit dans l’air un foudroyant sillon ;
Tous alors sur son nid fondirent pleins de joie ;
Chacun selon ses dents se partagea la proie :
L’Angleterre prit l’aigle, et l’Autriche l’aiglon.