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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/86

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Laissons-lui raconter son pèlerinage ; nous dirons ensuite l’effet que sa présence produisit à Vienne.

« Le but de mon voyage étant d’être présenté au duc de Reichstadt, de lui offrir notre poëme, on doit penser que je ne négligeai aucun moyen possible d’y parvenir. Dans le nombre des personnes qui me témoignaient quelque intérêt, les unes étaient tout à fait sans pouvoir, les autres craignaient, avec quelque raison, de s’immiscer dans une affaire de cette nature. Aussi, je me vis presque réduit à moi seul pour conseiller et pour protecteur. Je pensai qu’au lieu d’employer des détours qui auraient pu attirer des soupçons sérieux sur mes intentions pacifiques, il valait mieux aborder le motif de mon séjour à Vienne.

» D’après cette idée, je me présentai chez M. le comte de Czernin, qui est oberhofmeister de l’empereur, charge qui répond, je crois, à celle de grand chambellan ; Ce vénérable vieillard me reçut avec une bonté et une obligeance dont ie fus vraiment pénétré ; et, quand je lui eus énoncé le but de ma visite, il n’en parut nullement surpris : seulement, il m’engagea à m’adresser à M. le comte Dietrichstein, chargé spécialement de l’éducation du jeune prince, et même il voulut bien m’autoriser à m’y présenter sous ses auspices.

» Je ne perdis pas un moment, et, en quittant M. le comte de Czernin, je me rendis sur-le-champ chez M. Dietrichstein. feus un véritable plaisir de me trouver avec un des seigneurs les plus aimables et les plus instruits de la cour de Vienne. Aux fonctions de grand maître du duc de Reichstadt, il joignait la charge de directeur de la bibliothèque, et, devant ce dernier titre, je pouvais invoquer hardiment ma qualité d’homme de lettres. Il voulut bien me dire que notre nom et nos ouvrages ne lui étaient pas inconnus ; que même il avait pris le soin de se faire envoyer de France toutes les brochures que nous avions publiées jusqu’à ce jour, et qu’en ce moment il attendait avec impatience notre dernier poëme.

» Comme, à tout, événement, je m’étais muni d’un exemplaire, je me bâtai de le lui offrir, et même de lui en faire une dédicace signée ; ce qui parut lui être agréable. Encour.