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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/267

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Les journaux étaient bien amusants.

Le journal des Débats et le Journal de Paris rivalisaient surtout de verve et d’esprit.

« Aujourd’hui, disait l’ancien Journal de l’Empire, qui venait, depuis la veille, de se faire faire une casaque neuve, et qui s’appelait Journal des Débats, aujourd’hui Sa Majesté passa devant la colonne Vendôme… »

Pardon, si je m’arrête une seconde ; je tiens à ce que l’on ne fasse pas confusion.

Sa Majesté ! vous pourriez croire que c’est l’empereur Napoléon, sur lequel, huit jours auparavant, le Journal de l’Empire publiait ces beaux vers :

I
« Ciel ennemi, ciel, rends-nous la lumière !
Disait Ajax, et combats contre nous ! »
Seul contre tous, malgré le ciel jaloux,
De notre Ajax voici la voix guerrière :
« Que les cités s’unissent aux soldats ;
Rallions-nous pour les derniers combats !
Français, la Paix est aux champs de la gloire,
La douce paix, fille de la Victoire. »

II

Il a parlé, le monarque, le père ;
Qui serait sourd à sa puissante voix ?
Patrie, honneur ! c’est pour vos saintes lois,
Nous marchons tous sous la même bannière.
Rallions-nous, citoyens et soldats,
Rallions-nous pour les derniers combats !
Français, la Paix est au champ de la gloire,
La douce Paix, fille de la Victoire.

III

Napoléon, roi d’un peuple fidèle,
Tu veux borner la course de ton char ;