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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/268

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Tu nous montras Alexandre et César ;
Oui, nous verrons Trajan et Marc-Aurèle !
Nous sommes tous tes enfants, tes soldats,
Nous volons tous à ces derniers combats !
Elle est conquise aux nobles champs de gloire,
La douce Paix, fille de la Victoire.

Car, enfin, on peut bien appeler Majesté, cinq jours avant son abdication, un monarque, un père, qu’on vient d’appeler Ajax, Alexandre, César, Trajan et Marc-Aurèle.

Détrompez-vous ! Aujourd’hui, Sa Majesté, c’est l’empereur Alexandre ; quant à l’autre empereur, — l’empereur Napoléon, — nous verrons, ou plutôt nous avons déjà vu, au retour de l’île d’Elbe, ce qu’il est devenu.

Après avoir été un monarque, un père, Ajax, Alexandre, César, Trajan et Marc-Aurèle, il est devenu Teutatès.

Fi, la vilaine chute !

Reprenons, car nous n’en finirions pas, et nous avons eu plus de peine à franchir ce mot Majesté, que César n’en eut à franchir le Rubicon.

« Aujourd’hui, Sa Majesté passa devant la colonne de la place Vendôme, et, regardant la statue, elle dit aux seigneurs qui l’entouraient :

» — Si j’étais placé si haut, je craindrais d’en être étourdi.
xxxx» Ce mot, si philosophique, est digne d’un Marc-Aurèle. »

Pardon, monsieur Bertin, de quel Marc-Aurèle ? Est-ce de celui auquel vous compariez tout à l’heure Napoléon, ou de quelque autre Marc-Aurèle que nous ne connaissons pas ?

Ah ! monsieur, vous êtes comme Titus, vous ; vous n’avez pas perdu votre journée, ou plutôt votre nuit !

Nous dirons tout à l’heure ce qui s’était passé dans cette nuit, que n’avait pas perdue M. Bertin, et dans le cours de laquelle le serpent avait changé sa peau tricolore contre une peau blanche, et, de Journal de l’Empire, était devenu Journal des Débats.