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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/269

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Il est vrai que, dans la nuit du 20 au 21 mars 1815, vous reprendrez votre vieille peau tricolore que vous avez vendue, monsieur Bertin, mais que vous n’avez pas livrée.

Passons au Journal de Paris :

« Il est bon de savoir, disait le Journal de Paris, que Bonaparte ne s’appelait pas Napoléon, mais Nicolas. »

En vérité, monsieur le directeur, vous faites au pauvre empereur d’hier une trop sublime apothéose ; au lieu d’être bassement ingrat, comme votre confrère, vous êtes audacieusement flatteur. Bonaparte n’avait que la prétention de se prénommer Napoléon, c’est-à-dire le lion du désert, et voilà que vous en faites Nicolas, c’est-à-dire le vainqueur des peuples.

Ah ! monsieur le rédacteur du Journal de Paris, si votre journal eût été un journal littéraire comme le Journal des Débats, vous eussiez su le grec comme votre confrère, c’est-à-dire comme un véritable Grec, et vous n’eussiez pas fait de pareilles bévues.

Mais vous ne saviez pas le grec. Voyons au moins si vous saviez le français.

Complétons la phrase :

« Il est bon de savoir que Bonaparte ne s’appelait point Napoléon, mais Nicolas ; ni Bonaparte, mais Buonaparté ; il avait retranché l’u pour se rattacher à une famille illustre de ce nom. »

— Vous savez que les Balzac d’Entraigues prétendent que vous n’êtes point de leur famille, disait-on à M. Honoré de Balzac, auteur du Père Goriot et des Parents pauvres.

— Si je ne suis point de leur famille, répondit M. Honoré de Balzac, tant pis pour eux !

Revenons au Journal de Paris. C’est toujours lui qui parle :

« Plusieurs personnes se sont amusées à faire différentes anagrammes du nom de Buonaparté, en étant l’u de ce nom.