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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/286

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

cusé, qui est allié à la famille la Rochejaquelein, étaient présents. Avant l’introduction de l’accusé, ils avaient cherché à disposer le public en sa faveur, en parlant du mystère qui enveloppait sa mission, et en citant la pureté de son dévouement à la cause royale. Qu’on se figure donc leur désappointement quand ils virent le mode de défense adopté par lui ; leur embarras, en entendant leur client parler d’une manière si opposée aux promesses faites par eux ; leur étourdissement au nom de Napoléon, prononcé avec un certain respect par l’accusé, à une époque où l’on n’appelle plus le vainqueur des Pyramides et de Marengo que Buonaparte ; à ce titre d’empereur, donné à un homme que le roi Louis XVIII, en datant son règne de 1795, déclare n’avoir jamais régné !

» La parole fut donnée à maître Couture, avocat de M. de Maubreuil. Nous ne rapporterons pas son discours, qui fut très-long. Il plaida plutôt sur la forme du procès que sur le fond de l’affaire. Il établissait d’abord l’injustice de ce que Maubreuil seul fût encore détenu, tandis que ceux qui avaient agi de concert avec lui, d’Asies, Cotteville et autres, étaient en pleine liberté.

» Il ajoutait que, les caisses ayant été déposées sans vérification chez M. de Vanteaux, il n’a pu être constaté par qui la soustraction des quatre-vingt-quatre mille francs en or a été commise. Il parle de la manière miraculeuse dont une partie des diamants, jetés dans la Seine, — par qui ? on n’en sait rien, — a été retrouvée par un nommé Huet, ex-employé de la police, qui, en pêchant à la ligne, a retiré deux peignes de diamants, attachés à son amorce.

» Maître Couture établit encore que l’accusé, auquel on a confié une mission de la plus haute importance, n’est point justiciable des cours ordinaires, et, à cette occasion, maître Couture fait lecture de cinq ordres différents, qui autorisaient M. de Maubreuil à requérir toutes les autorités du royaume.

» Voici la teneur de ces ordres :

» Le premier signé par le général Dupont, ministre de la guerre, ordonne à la force armée de prêter assistance à M. de Maubreuil, de faire droit à toutes ses demandes, et prescrit