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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/111

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

que tous les jours, et dans lequel je l’accompagnai cette fois, — nous nous acheminâmes vers l’hôtel de la Boule d’or, où devait me prendre, en passant, la voiture qui m’emmenait à Paris.

À neuf heures et demie, nous entendîmes le bruit des roues ; nous avions encore une demi-heure à rester ensemble, ma mère et moi. Nous nous retirâmes dans une chambre où nous étions seuls, et nous pleurâmes, mais des larmes bien différentes.

Ma mère pleurait dans le doute ; moi, je pleurais dans l’espérance.

Ni l’un ni l’autre de nous ne voyait Dieu ; mais bien certainement, Dieu était là, et Dieu souriait.

LXXI

Je retrouve Adolphe. — La pastorale dramatique. — Premières démarches. — Le duc de Bellune. — Le général Sébastiani. — Ses secrétaires et ses tabatières. — Au quatrième, la petite porte à gauche. — Le général, peintre de batailles.

Je descendis, à cinq heures du matin, rue du Bouloi, n° 9. Cette fois, je ne fis pas la même faute que j’avais faite en sortant du Théâtre-Français. Je m’orientai, et, à certains repères, je crus reconnaître le voisinage de la rue des Vieux-Augustins. Je me renseignai près du conducteur, qui me confirma dans ma conviction, me donna mon petit paquet, que je disputai victorieusement à deux ou trois commissionnaires, et j’arrivai vers les cinq heures et demie, à l’hôtel des Vieux-Augustins.

Là, j’étais chez moi.

Le garçon me reconnut pour le voyageur aux lièvres et aux perdreaux, et, en l’absence de l’hôte, encore couché, il me conduisit à la chambre que j’avais occupée à l’autre voyage.

Mon premier besoin était le sommeil. Grâce aux émotions du