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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/114

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

robuste et bien substantielle pour les estomacs de 1823, nourris avec les restes de Parny, de Bertin et de Millevoye.

Adolphe faisait sa Pauvre Fille avec Ferdinand Langlé, et, cinq ou six jours encore, ils seraient prêts pour la lecture.

— Quand donc en serai-je là, mon Dieu ? pensai-je à part moi.

En attendant, j’interrogeai Adolphe dur, la composition du ministère.

Pourquoi sur la composition du ministère, et qu’avais-je à faire avec les ministres ?

Parbleu ! je voulais savoir ce qu’était le duc de Bellune.

Comme les ministères sont choses fort mortelles, et vite oubliées quand elles sont mortes, on me saura gré de tirer celui-là de sa tombe, et de faire connaître au lecteur ce qu’était le ministère de 1823, lors de mon arrivée à Paris :
xxxx Garde des sceaux, — le comte de Peyronnet.
xxxx Affaires étrangères, — le vicomte de Montmorency.
xxxx Intérieur, — le comte de Cubières.
xxxx Guerre, — le maréchal duc de Bellune.
xxxx Marine, — le marquis de Clermont-Tonnerre.
xxxx Finances, — le comte de Villèle.
xxxx Ministre de la maison du roi, — M. de Lauriston.
xxxx Le duc de Bellune était toujours ministre de la guerre. C’était tout ce qu’il me fallait.

J’ai dit quel intérêt j’avais à ce que le duc de Bellune fût ministre d’un ministère quelconque : j’avais une lettre du duc de Bellune dans laquelle il remerciait mon père d’un service rendu en Italie ; il se mettait à la disposition de mon père, pour le cas où jamais il pourrait lui être bon à quelque chose. Le cas était venu d’être bon au fils, au lieu d’être bon au père. Mais, comme, à cette époque, l’héritage n’était pas encore aboli, comme on ne parlait pas même de l’abolir, je ne doutais pas qu’ayant hérité en droite ligne de la haine de Napoléon, je n’eusse hérité, en droite ligne aussi, de la reconnaissance du duc de Bellune.

Je demandai à de Leuüven une plume et de l’encre ; je taillai la plume avec le soin que nécessitait la circonstance, et, de ma