Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

peut-être que mon troisième protecteur, protecteur inconnu, providentiel, fera plus pour moi que les deux autres ; ce qui, au reste, ne sera pas bien difficile, puisque les autres n’ont rien fait du tout.

Le général Verdier demeurait rue du Faubourg-Montmartre, n° 6.

Dix minutes après, je tenais ce court dialogue avec le concierge de la maison :

— Le général Verdier, s’il vous plaît ?

— Au quatrième, la petite porte à gauche.

Je fis répéter le concierge ; je croyais avoir mal entendu.

Le maréchal Jourdan et le général Sébastiani habitaient de magnifiques hôtels, faubourg Saint-Germain et faubourg Saint-Honoré ; on entrait dans ces hôtels par des portes comme celles de Gaza ! Pourquoi donc le général Verdier demeurait-il rue du Faubourg-Montmartre, au quatrième, et pourquoi entrait-on chez lui par une petite porte ?

Le concierge répéta, j’avais parfaitement entendu.

— Pardieu ! dis-je en grimpant l’escalier, voilà qui ne ressemble ni aux laquais du maréchal Jourdan, ni aux suisses du général Sébastiani ! Le général Verdier, au quatrième, la petite porte à gauche, voilà un homme qui doit se souvenir de mon père !

J’arrivai au quatrième ; je trouvai une petite porte ; à cette porte, pendait un modeste cordonnet vert.

Je sonnai avec un battement de cœur dont je n’étais pas le maître. Cette troisième épreuve allait décider de mon opinion pur les hommes.

Des pas s’approchèrent, la porte s’ouvrit.

Celui qui ouvrait la porte était un homme d’une soixantaine d’années, coiffé d’une casquette bordée d’astrakan, vêtu d’une veste verte à brandebourgs et d’un pantalon à pied de molleton blanc.

Il tenait à la main une palette chargée de couleurs, et, sous le pouce, qui passait à travers cette palette, maintenait un pinceau.

Je regardai les autres portes.