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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/142

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

prêtant facilement le collet, il s’était, à propos de Germanicus, battu avec Telleville Arnault. La balle du fils du poëte avait effleuré la cuisse du critique en y laissant une simple contusion.

— Bah ! disait le père Arnault, il ne l’a seulement pas sentie ; elle lui a produit l’effet d’un coup de bâton.

La Foudre. — Celui-là, c’était le journal avoué du pavillon Marsan, véritable expression de cette opinion ultra-royaliste qui, pour toutes les réactions à venir, faisait fond sur M. le comte d’Artois, et qui attendait avec impatience cette décomposition de matière, laquelle, au train dont elle allait, ne pouvait tarder d’être complète chez Louis XVIII.

Les rédacteurs de la Foudre étaient Bérard, les deux frères Dartois, — en même temps vaudevillistes, — Théaulon, Ferdinand Langlé, Brisset et de Rancé.

En face de la Foudre, et sur la limite la plus opposée de l’opinion libérale, était le Miroir, hussard de la presse, charmant escarmoucheur, plein de verve et d’humour ; rédigé par tous les hommes qui passaient pour avoir de l’esprit d’opposition dans ce temps-là, et qui, hâtons-nous de le dire, en avaient réellement. Ces hommes, c’étaient MM. de Jouy, Arnault, Jal, Coste, Castel, Moreau, etc. Aussi, le pauvre Miroir était-il l’objet des poursuites acharnées du gouvernement, aux yeux duquel il renvoyait à tout moment quelque rayon brisé du soleil de l’Empire. Supprimé comme Miroir, il reparut sous le nom de la Pandore ; supprimé comme Pandore, il devint l’Opinion ; supprimé, enfin, comme Opinion, il ressuscita sous le titre de la Réunion ; mais ce fut la dernière de ses métamorphoses : Protée était à bout, et mourut enchaîné.

N’oublions pas le Courrier français, sentinelle de l’opinion avancée, et presque républicaine déjà, à une époque où personne encore n’osait prononcer le mot de république. C’était au Courrier français, journal rédigé par Châtelain, l’un des patriotes les plus honnêtes et les plus éclairés de cette époque, que travaillait, comme je l’ai dit, M. de Leuven.

Mais, alors, disons-le, je ne demandais guère à tous ces journaux des nouvelles politiques ; je n’y lisais que les nou-