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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/156

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

pice représente un ange tenant d’une main un livre et de l’autre une faux.

— Bon ! c’est entendu : 1592, in-8o, 2 feuillets, 169 pages, un ange qui tient d’une main un livre et de l’autre une faux.

— Bravo !… Isaac Elzévir, — les uns disent le fils, les autres le neveu de Louis Elzévir ; moi, je prétends que c’est le fils ; Bérard prétend que c’est le neveu, et, quoiqu’il ait Techener pour lui, je soutiens que c’est moi qui ai raison, — Isaac Elzévir substitua à cet insigne l’orme, embrassé par un cep chargé de raisins, avec cette devise : Non solus. — Vous comprenez.

— Le latin, oui.

— Eh bien, à son tour, Daniel Elzévir adopta pour marque Minerve et l’olivier, avec cette devise : Ne extra oleas. — Vous comprenez toujours ?

— Parfaitement : Isaac, le cep chargé de raisins : Daniel, Minerve et l’olivier.

— De mieux en mieux. Mais, à côté des éditions reconnues, il y a des éditions anonymes ou pseudonymes, et voilà où les faux bibliomanes s’embarrassent. Ah !

— Voulez-vous être mon Ariane ?

— Eh bien, ces éditions-là sont ordinairement désignées par une sphère.

Alors, c’est un guide.

— Oui, mais vous allez voir ! C’étaient des gaillards fort capricieux que ces frères, cousins ou neveux Elzévir. Ainsi, par exemple, on trouve, depuis 1629, dans leurs livres, en tête des préfaces, des épîtres dédicatoires et du texte, un fleuron où est figuré un masque de buffle.

— Eh bien, grâce à ce masque de buffle, il me semble…

— Attendez donc… Cela dure cinq ans. Dès le Salluste de 1634, et même auparavant peut-être, ils adoptent un autre signe qui a la ressemblance d’une sirène. En outre, dans cette édition…

— Du Salluste de 1634 ?

— Justement ! ils adoptent aussi, pour la première fois, page 216, un cul-de-lampe qui représente la tête de Méduse.