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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/188

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

» — Misérable ! s’écrie Ruthwen en tirant un poignard, si tu profères une parole…

» — Tu ne l’auras que baignée de mon sang, s’écrie Aubray en redoublant de résistance.

» — Eh bien, vous périrez tous deux, dit Ruthwen.

Il va pour frapper Aubray. Une heure sonne ; Malvina tombe évanouie dans les bras de Brigitte ; le tonnerre gronde.

» — Le néant ! le néant ! » s’écrie Ruthwen.

Il laisse tomber son poignard, et cherche à s’enfuir. Des ombres sortent de terre et l’entraînent avec elles ; l’ange exterminateur parait dans un nuage ; la foudre éclate, et les ombres s’engloutissent avec Ruthwen.
pluie de feu.

Nous copions sur le manuscrit lui-même, comme on pense bien.

Philippe fut rappelé.

Quant à madame Dorval, son rôle était exécrable, personne ne songeait à la rappeler ; elle n’était engagée à la Porte-Saint-Martin que pour jouer les mauvais rôles : c’était mademoiselle Lévesque, l’artiste en vogue, qui jouait les bons.

Quelques mots sur cette pauvre chère créature, que je voyais pour la première fois, et qui, vingt-six ans plus tard, devait mourir dans mes bras[1].

Il est bon de marquer le point de départ des artistes éminents, grands comédiens ou grands poètes ; c’est là surtout ce que l’on trouvera dans ces mémoires, en grande partie consacrés au développement de l’art en France pendant la moitié du xixe siècle.

Certes, les événements politiques, eux aussi, y tiendront leur place, mais la place seulement qu’ils doivent y tenir. Il est temps de mettre chaque chose en son lieu et place, et,

  1. Voir les Morts vont vite, t. II, p. 241 et suiv.