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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/196

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Force resta à l’autorité, comme on dit ; seulement, c’est avec de pareils triomphes que l’autorité se suicide.

« Encore une victoire comme celle-là, disait Pyrrhus après la bataille d’Héraclée, et nous sommes perdus ! »

À partir de ce moment, les paroles libérales de Charles X, à son avènement au trône, furent pesées à leur juste valeur ; — et qui dit qu’un des nuages qui occasionnèrent la tempête du 27 juillet 1830 ne s’était pas formé le 18 octobre 1824 ?…

LXXVIII

Entrée au bureau. — Ernest Basset. — Lassagne. — M. Oudard. — Je revois M. Deviolaine. — M. le chevalier de Broval. — Son portrait. — Les lettres carrées et les lettres oblongues. — Comment j’acquiers une grande supériorité dans les cachets. — J’apprends quel était mon voisin le bibliomane et le siffleur.

Le lendemain, j’attendis de huit heures du matin à dix heures ; mais, comme me l’avait prédit mon voisin de l’orchestre, personne ne vint me demander raison du soufflet que j’avais donné la veille.

Toutefois, j’avais maintenant cette double conviction, qu’il y avait quelque chose de trop dans ma personne, et dans une partie de mes vêtements.

Je devais, sous peine de jurer horriblement avec tous ceux que je rencontrerais de par le monde, faire couper mes cheveux et faire rogner ma redingote.

Mes cheveux étaient de deux bons pouces trop longs ; ma redingote était d’un bon pied trop longue.

Je fis venir un perruquier et un tailleur.

Le perruquier me demanda dix minutes ; le tailleur un jour.

Je livrai ma redingote au tailleur et ma tête au perruquier.

J’irais au bureau en habit ; d’ailleurs, mon entrée au bureau était presque une visite à mes chefs. Un habit ne serait donc pas déplacé.

Mes cheveux abattus, l’aspect de ma physionomie était com-