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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/25

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

par la précision des réponses du sous-officier, la conviction que le fait est vrai.

Comment un pareil ordre a-t-il été donné sans que les deux capitaines en aient été instruits ?

— Par qui l’ordre a-t-il été donné ?… Par le lieutenant-colonel, sans doute.

— Sans doute, répète machinalement le sergent.

Les deux capitaines se lèvent, et se rendent chez le lieutenant-colonel.

Le lieutenant-colonel est à la fois aussi surpris et aussi ignorant qu’eux.

L’ordre vient probablement de M. Toustain, lieutenant de roi, et commandant d’armes de la place de Béfort.

Tous trois vont chez M. Toustain.

Celui-ci ne comprend rien au rapport qu’on lui fait. Tout à coup une idée l’éclaire.

Il y a un complot !

Les deux capitaines se rendront à l’instant aux casernes, pour faire défaire les sacs, ôter les pierres des fusils, et consigner les soldats.

Pendant ce temps, le lieutenant de roi visitera les postes.

Les deux officiers se rendent en toute hâte aux casernes, et M. Toustain commence son inspection.

Un des premiers postes qu’il visite est la porte gardée par Manoury.

En s’en approchant, il aperçoit sous la voûte, à la lueur de la lanterne qui l’éclaire, un groupe de quatre personnes.

Ce groupe lui paraît suspect ; il l’aborde.

Ce sont quatre jeunes gens habillés en bourgeois.

Le lieutenant de roi les interroge.

— Qui êtes-vous, messieurs ? leur demande-t-il.

— Des bourgeois des environs, mon commandant.

— Comment vous appelez-vous ?

Soit insouciance, soit surprise, soit qu’ils ne voulussent pas mentir, les quatre jeunes gens disent leurs noms.

C’est Desbordes, Bruc, Pegulu et Lacombe.

On se rappelle que tous quatre avaient été de la conspiration