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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/257

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

vous êtes placée dans un état de meilleure condition que votre père, quoiqu’il fût dans un rang presque semblable, et c’est ce qui me permet de mourir avec quelque tranquillité. Gardez ceci par devers vous, pour ne pas m’en rendre totalement responsable. Tout en vous demandant pardon de ma faute, je vous prie de la tenir, s’il vous plaît, cachée, pour ne pas faire parler le monde sur une affaire sans remède. Cette lettre ne vous sera même remise qu’après ma mort.

» Laurent Chiappini. »

Cette lettre reçue, Maria-Stella s’occupa immédiatement des préparatifs de son voyage, et partit pour l’Italie.

Elle ne croyait pas, comme le lui disait le geôlier Chiappini, l’affaire sans remède ; elle voulait connaître son véritable père. Elle prit des renseignements partout où elle put en trouver, et, enfin, elle apprit qu’en 1772, c’est-à-dire un an avant sa naissance, deux voyageurs français étaient arrivés à Modigliana, et y étaient restés jusqu’au mois d’avril 1773. Ces deux voyageurs s’appelaient le comte et la comtesse de Joinville.

Sur ces simples renseignements, la baronne de Sternberg partit pour la France, et commença par se rendre dans la petite ville de Joinville, dont son père portait le nom. Là, elle apprit que Joinville était autrefois un apanage de la famille d’Orléans, et que le duc Louis-Philippe-Joseph, qui avait, en 1772, voyagé en Italie, était mort en 1793 sur l’échafaud.

Seulement, le duc d’Orléans, son fils, habite Paris, jouit de toute la fortune paternelle, et se trouve, — les deux frères cadets étant morts, le duc de Montpensier en Angleterre, et le duc de Beaujolais à Malte, — seul prince du sang de la branche d’Orléans.

Maria-Stella part aussitôt pour Paris, essaye, mais inutilement, de parvenir jusqu’au duc, se livre à des intrigants qui l’exploitent, à des hommes d’affaires qui la volent, et finit par écrire dans les journaux que la baronne de Sternberg, chargée