Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/258

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

d’une communication de la plus haute importance pour les héritiers du comte de Joinville, est arrivée à Paris, et désire leur faire le plus tôt possible cette communication.

Le duc d’Orléans ne voulait pas recevoir cette communication d’une façon directe ; il ne voulait pas non plus recourir à l’entremise d’un homme d’affaires ; il chargea son oncle, le vieil abbé de Saint-Phar, de passer chez la baronne[1].

Alors, tout s’éclaircit ; alors, le duc découvre toute la machination qui se trame contre lui, et, apprenant que, soit bonne foi, soit cupidité, la poursuite de Maria-Stella est sérieuse, et que celle-ci va retourner en Italie pour se munir des pièces qui doivent constater son identité, il se met, à tout hasard, en mesure, par un mémoire destiné à son conseil, de repousser la fable à l’aide de laquelle Maria-Stella — qui s’est adressée à la duchesse d’Angoulème, comme à la personne dont les ressentiments contre la famille d’Orléans doivent être les plus vifs, — veut lui enlever son rang et sa fortune, ou du moins lui faire payer le droit de les conserver.

C’était ce mémoire que j’étais appelé à transcrire.

Celui-là, je l’avoue, je ne l’écrivis point sans le lire, quoique ma parfaite ignorance de l’histoire laissât beaucoup de points obscurs pour moi dans la réfutation du prince.

Au reste, non-seulement il reposait sur la vérité, mais encore il était écrit avec cette force de dialectique qui, dans les affaires de chicane, même inférieures, était un des côtés saillants du duc d’Orléans, lequel avait un conseil pour la forme ; car c’était lui qui toujours remettait à maître Dupin, non pas de simples notes sur les procès qu’il avait à soutenir, mais de véritables mémoires qui faisaient l’admiration du célèbre avocat.

Au bout de deux heures de travail, j’étais arrivé où le duc m’avait dit de m’arrêter. Je m’arrêtai donc et j’attendis.

Le duc rentra.

Il vint à la table où j’écrivais, prit ma copie, fit un signe

  1. J’ignore si M. l’abbé de Saint-Phar vit ou ne vit pas Maria-Stella. Je transcris le mémoire de cette femme, voilà tout.