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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/27

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Dix minutes après, ils reviennent courant : la nouvelle est vraie ; on n’a que le temps de fuir.

On fuit.

Voilà comment le lieutenant de roi a rencontré, hors de la porte de France, Peugnet et ses camarades ; car c’est Peugnet qu’il a voulu arrêter, et qui a tiré le coup de pistolet dont la balle s’est aplatie sur la croix de Saint-Louis.

À peine Pailhès et ses convives ont-ils quitté l’hôtel, que Carrel et Joubert y arrivent. Ils viennent, à leur tour, annoncer que la conspiration est découverte.

Ils ne trouvent plus, dans la salle à manger, que Guinard et Henri Scheffer, prêts à la quitter eux-mêmes.

Mais ils ne sont pas du pays, et ne savent où aller.

Guinard, Henri Scheffer et Joubert montent en voiture, et prennent la route de Mulhouse.

M. de Corcelles fils et Bazard sont partis à la rencontre de la Fayette, et lui feront rebrousser chemin.

Près de Mulhouse, Carrel quitte ses trois compagnons, prend un cheval, et revient vers Neuf-Brisach, où est son bataillon.

À la porte de Colmar, il rencontre sur sa route Rusconi, le, même qui, la veille, a été à Mulhouse.

Le général Dermoncourt attendait toujours, et avait placé Rusconi en faction pour lui apporter des nouvelles.

Rusconi reconnaît Carrel, et apprend de lui que tout est découvert, et que les conjurés sont en fuite.

— Mais où allez-vous ? lui demande Rusconi.

— Ma foi, je vais à Neuf-Brisach, reprendre mon service.

— Ce n’est pas prudent, ce me semble.

— J’aurai l’oreille au guet, et, à la première alerte, je décampe… Avez-vous de l’argent ?

— J’ai cinq cents louis destinés à l’affaire ; prenez-en cinquante.

— Donnez ; et vous, prenez mon cheval, et allez prévenir le général.

L’échange se fait, Carrel continue sa route à pied, et Rusconi gagne au galop la campagne du général.

Le général se levait.