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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/28

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Rusconi lui apprend tout cet avortement de Béfort. Dermoncourt doute jusqu’au bout.

— Eh bien, dit-il, ce qui a manqué à Béfort peut réussir à Neuf-Brisach.

— Mais, général, dit Rusconi, peut-être la nouvelle est-elle déjà répandue, et les mesures sont-elles prises pour tout déjouer ?

— Alors, va à Colmar prendre langue ; moi, je vais à Neuf-Brisach : rendez-vous ici dans deux heures.

Chacun part de son côté. Arrivé à Colmar, Rusconi entre au café Blondeau, et s’informe.

Tout est su.

Pendant qu’il s’informe, un magistrat, ami du général Dermoncourt, fait prévenir Rusconi que deux mandats d’amener sont lancés, un contre lui, un contre le général.

Rusconi n’en demande pas davantage, et repart à l’instant même pour Widensollen.

Il arrive à minuit. Le général était couché tranquillement ; il était allé à Neuf-Brisach et s’était assuré que toute tentative de soulèvement était devenue impossible, après ce qui venait de se passer à Béfort.

À la nouvelle que lui apportait Rusconi, et sur les instances de sa femme, le général Dermoncourt se décida à quitter Widensollen, et à se rendre à Heiteren.

Là, il trouva un asile chez un de ses cousins, ancien ordonnateur de l’armée.

Deux heures après le départ du général et de Rusconi, les gendarmes et le procureur du roi s’étaient présentés à Widensollen.

Le général fut prévenu de cet incident par le jardinier. La baronne Dermoncourt faisait supplier son mari de fuir sans perdre un instant.

Il s’agissait de traverser le Rhin.

On décida que, le lendemain, on simulerait une partie de chasse dans les îles situées en face de Geiswasser.

Geiswasser est un petit village situé de ce côté-ci du Rhin, et habité par des pêcheurs et des douaniers.