Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
277
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

dition in-12 ; les mêmes événements retrouvent les mêmes hommes.

» Recevez, ma chère cousine, avec l’expression de mes regrets, l’assurance de mes sentiments les plus respectueux.

» B. de L***. «

En 1830, après la révolution de juillet, Auguste Barbier fit sur le même sujet une pièce de vers intitulée la Curée. Qu’on relise ce terrible ïambe, et que l’on compare : on aura à la fois sous les yeux, dans M. de Jouy, un modèle de cet atticisme qui appartenait à l’ancienne école, et, dans Barbier, un exemple de cette brutale et fougueuse improvisation qui est un des caractères principaux de sa muse.

Au reste, vers le temps où nous sommes arrivés, Louis XVIII, tout en faisant poursuivre les gens de lettres avec un acharnement dont nous venons de citer quelques exemples, réclamait sa place au milieu d’eux. Mal conseillé par ses flatteurs, l’auteur couronné publiait une brochure ayant pour titre Voyage de Paris à Bruxelles.

Je ne sais si l’on pourrait se procurer aujourd’hui un seul exemplaire de la brochure royale, dans laquelle on trouvait, non-seulement des fautes de français dans le genre de celle-ci : « J’étais déjà un peu gros, à cette époque, pour monter et descendre de cabriolet, » mais encore, ce qui est bien pis, des fautes de reconnaissance et de cœur.

Une pauvre veuve risque sa tête à recevoir les fugitifs, et consacre son dernier louis à leur donner à dîner ; Monsieur raconte ce dévouement comme une chose due, et termine le chapitre en disant : « Le dîner était exécrable ! »

— C’est du français de cuisine, disait le colonel Morisel à M. Arnault.

— C’est tout simple, répondait l’auteur de Germanicus, puisque l’ouvrage est d’un restaurateur.

Le Miroir, chargé de rendre compte du Voyage de Paris à Bruxelles, se contenta de dire :

« Si l’ouvrage est de l’auguste personnage auquel on l’attri-