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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/281

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

bue, il est au-dessus de la critique ; s’il n’est pas de lui, il est au-dessous. »

Nous, reviendrons sur le colonel Morisel, une des originalités de l’époque.

On ne pouvait pas faire à l’auteur des Messéniennes, des Vêpres siciliennes, des Comédiens et du Paria, un procès du genre de ceux qu’on avait faits à M. de Jouy et à Magallon ; on ne pouvait pas l’enfermer à Sainte-Pélagie ou l’envoyer à Poissy, attaché main à main et côte à côte avec un forçat galeux ; mais on pouvait le destituer, et c’est ce que l’on fit.

Le 15 avril, on lisait dans les journaux libéraux :

« On annonce que M. Ancelot, auteur de Louis IX et du Maire du Palais, vient de recevoir des lettres de noblesse, et que M. Casimir Delavigne, auteur des Vêpres siciliennes, du Paria et des Messéniennes, vient de perdre sa place à la bibliothèque du ministère de la justice. »

C’était vrai : M. Ancelot était fait baron, et M. Casimir Delavigne jeté sur le pavé !

Ce fut à cette époque que, sur la recommandation de Vatout, qui venait de publier l’Histoire de la Fille d’un Roi, le duc d’Orléans nomma Casimir Delavigne bibliothécaire adjoint au Palais-Royal, où, six ans après, je me trouvai son collègue.

C’était un excellent homme que Vatout, un peu vaniteux ; mais sa vanité même était un éperon avec lequel les autres lui faisaient faire le bien qu’il n’avait pas l’idée de faire de lui-même.

Une de ses vanités était d’être le fils naturel de je ne sais quel prince de la maison d’Orléans, vanité bien innocente qui ne faisait de tort à personne, et dont personne ne lui faisait un crime, puisqu’il employait l’influence qu’il avait prise au Palais-Royal à rendre service à ses amis, et quelquefois même à ses ennemis.

… Au moment où je vais clore ce chapitre, on me raconte une bonne histoire de la censure d’aujourd’hui, 6 juin 1851 ; je crois