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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/282

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

devoir lui consacrer le chapitre suivant. Cette brave censure en fait tant de pareilles, qu’il faut enregistrer ses faits et gestes sans ordre chronologique, mais où l’on peut et quand on peut, sinon on court risque d’en oublier, et, en vérité, ce serait dommage !…

Ah ! mon cher Victor Hugo, vous qui êtes en train de demander devant le jury, où vous défendez votre fils, l’abolition de la peine de mort en toute matière, faites une exception en faveur de la censure, et priez qu’à la première révolution, on la tue deux fois, puisque ça n’a jamais été assez d’une !

Je me crois obligé d’affirmer sur l’honneur, que ce que je vais dire est l’exacte vérité…

LXXXIV

La maison de la rue de Chaillot. — Quatre poëtes et un médecin. — Corneille et la censure. — Ce que M. Faucher ne sait pas. — Ce que le président de la République devrait savoir.

L’an III de la deuxième République française, le 2 juin au soir, M. Louis Bonaparte étant président, M. Léon Faucher étant ministre, M. Guizard étant directeur des beaux-arts, voici ce qui se passait, dans un salon tendu en étoffe perse, au rez-dechaussée d’une maison de la rue de Chaillot.

Cinq ou six personnes causaient d’art, chose assez étonnante à une époque où on ne parle plus guère que de solution, de révision, de prorogation.

Ilest vrai que, sur ces cinq personnes, il y avait quatre poëtes et un médecin presque poëte, et tout à fait homme d’esprit.

Ces quatre poëtes étaient :

1o Madame Émile de Girardin, la maîtresse de cette maison de la rue de Chaillot où l’on était réuni ; 2o Victor Hugo ; 3o Théophile Gautier ; 4o Arsène Houssaye.

Le médecin était le docteur Cabarus.

Celui que nous avons indiqué sous le no4 cumulait ; peut-