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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/70

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

soit, fonctionne régulièrement, il faut qu’aucun de ses rouages ne s’arrête.

— C’est évident, monsieur.

— Eh bien, monsieur Dumas, je ne vous en dis pas davantage ; je suis le mécanicien, vous êtes une des roues de la machine ; voilà deux jours que vous vous êtes arrêté, et voilà par conséquent deux jours que votre coopération individuelle manque au mouvement général.

Je me levai.

— Très-bien, monsieur, lui dis-je.

— Au reste, ajouta M. Lefèvre d’un ton un peu moins dogmatique, l’avertissement n’est que provisoire.

— Vous êtes trop bon, monsieur, je le prends, moi, pour définitif.

— Oh ! alors, fit M. Lefèvre, c’est encore mieux. Il est sept heures du soir, il fait nuit et le temps est mauvais ; mais vous partirez quand vous voudrez, mon cher Dumas. Du moment où vous n’êtes plus ici comme troisième clerc, vous y êtes comme ami, et, en cette qualité, plus de temps vous y resterez, plus vous me ferez plaisir.

Je saluai gracieusement M. Lefèvre, et je me retirai dans ma chambre.

C’était une grande résolution prise, c’était un grand dessein arrêté ; désormais, mon avenir était à Paris, et j’étais décidé à tout faire au monde pour quitter la province.

Je passai une partie de la nuit à rêver, et, avant de m’endormir, tout mon plan fut fait.

LXVII

Je reviens chez ma mère. — Le mou de veau. — Pyrame et Cartouche. — Intelligence du renard, plus développée que celle du chien. — Mort de Cartouche. — Différents traits de gloutonnerie de Pyrame.

Le lendemain, je fis mon petit paquet, et je partis.

Je n’étais pas sans inquiétude, je ne dirai pas sur la manière