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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/89

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

vendre ; je lui ai dit que j’allais t’envoyer chercher, et qu’il s’en informerait à toi-même. Je t’ai envoyé chercher… tu es venu… te voilà… Pyrame est vendu et tu n’en es-pas fâché ?

— Ma foi, non ! Le gredin était si voleur, que j’aurais été obligé de le donner ou de lui casser la tête… Il nous ruinait !

Cartier fit un mouvement des épaules, qui voulait dire : « Ce n’est pas difficile ! »

Puis, passant à un autre ordre d’idées :

— Te voilà donc revenu ? me dit-il.

— Vous le voyez bien.

— Tu t’ennuyais à Crépy ?

— Je m’ennuie partout.

— Que veux-tu donc faire ?

— Parbleu ! je veux aller à Paris.

— Et quand pars-tu ?

— Peut-être plus tôt que vous ne croyez.

— Ne pars pas sans me donner ma revanche.

— Soyez tranquille !

Avant de partir pour Crépy, j’avais battu Cartier à plate couture au billard.

— D’ailleurs, repris-je, si je pars, comme je ne partirai que par votre voiture, vous m’arrêterez sur le marchepied.

— C’est dit… Mais, cette fois, ce sera une partie à mort.

— À mort !

— Il faudra que les cinq napoléons restent sur la place.

— Vous savez que je ne joue jamais d’argent, et, quant à mes cinq napoléons, ils ont leur emploi.

— Allons, c’est bien… Adieu.

— Au revoir.

Et je quittai Cartier, avec un engagement pris. On verra où me conduisit cet engagement.

En rentrant à la maison, je trouvai Bamps, qui commençait à s’impatienter. La première voiture allant à Paris passait par Villers-Cotterets à huit heures du soir : il en était sept.

— Ah ! pon, dit-il, fous foilà !… Che ne gompdais blus sur fous.