— Bon ! voilà de grands mots !
— Vous avez raison, il ne faut pas appliquer les grands mots aux petites choses.
— Voyons, ne parlons plus de cela ! parlons de votre position dans la maison.
— Cela s’appelle parler de choses en l’air.
— Pas de votre position dans le passé. Je sais bien que vous refuseriez de rester dans la maison aux conditions où vous y étiez ; nous ne voudrions pas non plus… Il vous faut du loisir pour travailler.
— Allons, seigneur Mécène, parlez au nom d’Auguste ; j’écoute.
— Non, c’est à vous de parler, au contraire. Que désirez vous ?
— Moi ? Je désirais un succès, je l’ai eu ; je ne désire plus rien.
— Mais, nous, que pouvons-nous faire pour vous qui vous soit agréable ?
— Pas grand’chose.
— Il y a bien, cependant, dans la maison, quelque place que vous ambitionniez ?
— Je n’en ambitionne aucune ; mais il y en a une qui me conviendrait.
— Laquelle ?
— Celle de collègue de M. Casimir Delavigne à la bibliothèque.
Oudard laissa échapper un mouvement des muscles de la face, qui voulait dire : « Vous êtes bien ambitieux, mon ami. »
— Ah ! oui, je comprends, repris-je, ce sera difficile.
— Dame ! reprit Oudard, nous avons déjà Vatout et Casimir, un bibliothécaire et un sous-bibliothécaire.
— Sans doute, et c’est beaucoup, n’est-ce pas, quand on n’a point de bibliothèque ?
En effet, la bibliothèque du duc d’Orléans était, à cette époque surtout, assez médiocre.
— Comment, pas de bibliothèque ? s’écria Oudard, qui, comme les servantes de curé, ne pouvait pas souffrir que l’on dépréciât son presbytère. Nous avons trois mille volumes !