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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/138

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Cela n’eût rien été ; mais écoutez, et qu’Harpagon et Grandet se pendent de n’avoir pas trouvé ce qu’avaient trouvé les gens qui faisaient les affaires de M. le duc. d’Orléans et les miennes.

Comme il y avait six mois que l’on ne me payait plus mes appointements, on antidata ma nomination de six mois.

Il en résulta que, comme j’avais quinze cents francs à titre d’employé, et douze cents francs à titre de bibliothécaire, on économisa, en me payant ces six mois-là comme bibliothécaire, une somme de cent cinquante francs, — qui, jointe à mes gratifications non payées de 1829, constituait une économie de trois cent cinquante francs ; — lesquels trois cent cinquante francs, joints aux cinquante francs supprimés à ma gratification de 1828, faisaient un bénéfice net de quatre cents francs pour la caisse princière.

On en conviendra, c’étaient des hommes à larges vues, n’est-ce pas ? que ceux qui entouraient le duc d’Orléans.

Malheureusement, ce furent exactement les mêmes hommes qui entourèrent plus tard le roi.

Installé à la bibliothèque, j’y fis connaissance avec Vatout et Casimir Delavigne, qui, ainsi que me l’avait laissé pressentir Oudard, ne me virent pas arriver là avec un grand plaisir.

Casimir Delavigne surtout, qui me revint plus tard, mais qui, d’abord, eut beaucoup de peine à me pardonner mon succès d’Henri III.

En effet, mon succès d’Henri III prenait l’année, et, comme il y a un proverbe qui dit qu’il n’y a pas au théâtre deux succès à la fois, le succès d’Henri III gênait le succès de Marino Faliero, qui attendait son tour, et dans lequel mademoiselle Mars devait jouer Héléna.

Mais mademoiselle Mars avait pour trois grands mois d’Henri III ; puis venait son congé de deux mois ; Marino Faliero se trouvait donc remis à l’hiver suivant.

Ce n’était point le compte de Casimir Delavigne.

J’ai dit comment les affaires dramatiques se traitaient chez Casimir Delavigne : le conseil de famille fut rassemblé à l’en-