désormais impossible, anticipant sur l’époque où les deux premiers sujets tragiques, mademoiselle Duchesnois et M. Lafond, doivent prendre leur retraite, ils prétendent les contraindre à subir, sous le nom de congé, un exil d’un an, pendant la durée duquel on se flatte de consommer l’absolue destruction du théâtre de Racine, Corneille et Voltaire.
» Sire, les agents sur lesquels votre confiance se repose des soins de surveiller et de diriger le théâtre répondent-ils bien à vos intentions protectrices ? Est-ce pour favoriser l’usurpation du mélodrame, est-ce pour lui livrer la scène tragique que les clefs leur en ont été remises ? Les fonds que vôtre libéralité met à leur disposition, pour être employés dans l’intérêt du bon goût, doivent-ils être prodigués dans l’intérêt de leur goût particulier, qui tend à asservir le domaine de ces grands hommes à la Melpomène des boulevards, et à réduire leur art sublime à la condition d’un vil métier ?
» Persuadés, sire, que la gloire de votre règne est intéressée à ce qu’aucune des sources de la gloire française ne s’altère, nous croyons devoir appeler votre attention sur la dégradation dont le premier de nos théâtres est menacé.
» Sire, le mal est grand déjà ! encore quelques mois, et il sera sans remède ; encore quelques mois, et, fermé tout à fait aux ouvrages qui faisaient les délices de la plus polie des cours, de la nation la plus éclairée, le théâtre fondé par Louis le Grand sera tombé au-dessous des tréteaux les plus abjects, ou plutôt le Théâtre-Français aura cessé d’exister.
Andrieux, Jay, O. Leroy. »
Cette curieuse pièce était flanquée d’une autre pièce non moins curieuse ; — quand nous disons flanquée, nous aurions dû dire précédée. — La lettre de mademoiselle Duchesnois que nous allons reproduire en entier, comme nous avons fait de