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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/281

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Vous irez au fond si vous voulez, madame ; seulement, comme ces affaires dont ils parlent sont autant les vôtres que les leurs, vous ferez un contre-sens… Quand il vous plaira, madame, on continuera la répétition.

Et la répétition continuait.

Mais, chaque jour, il y avait quelque interruption dans le genre de celles que nous venons de signaler ; cela agaçait fort Hugo, qui, encore à son début dramatique, avait cru que le plus difficile était de créer la pièce, et le plus ennuyeux, de la faire, et qui s’apercevait que tout cela était ineffable jouissance comparé aux répétitions.

Enfin, un jour, la patience lui manqua.

La répétition finie, il monta sur le théâtre, et, s’approchant de mademoiselle Mars :

— Madame, dit-il, je voudrais bien avoir l’honneur de vous dire deux mots.

— À moi ? répondit mademoiselle Mars, étonnée de la solennité du début.

— À vous.

— Et où cela ?

— Où vous voudrez.

— Venez, alors.

Et mademoiselle Mars, marchant la première, conduisit Hugo dans ce qu’on appelait, alors, le petit foyer, situé, à ce que je crois, à l’endroit où est aujourd’hui le salon de la loge du directeur.

Louise Despréaux y était assise seule dans un coin.

Louise Despréaux, comme nous l’avons dit, était une des antipathies de mademoiselle Mars, qui protégeait madame Menjaud. J’ai raconté en son lieu la scène que j’avais eue avec mademoiselle Mars, à propos de Louise Despréaux, lors de la distribution du rôle du page de la duchesse de Guise.

En voyant entrer mademoiselle Mars et Hugo, elle se leva et sortit discrètement, — il est vrai que je soupçonne fort la curieuse de dix-sept ans d’avoir collé, du côté de l’oreille, son visage blond et rose à la porte.