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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/64

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Une vieille bonne me précédait. — Elle s’appelait Françoise, je crois.

J’avais promis à M. Villenave un autographe, — non pas de Napoléon, il en avait cinq ou six ; non pas de Bonaparte, il en avait trois ou quatre ; — mais de Buonaparte.

Il avait ordonné qu’on me fit monter aussitôt que j’arriverais.

Françoise entre-bâilla la porte.

— C’est M. Dumas, dit-elle.

Ordinairement, quand on lui annonçait quelqu’un, fût-ce un ami intime, si cet ami intime n’était pas attendu, M. Villenave jetait les hauts cris, grondait Françoise, levait désespérément les bras au ciel ; puis, enfin, quand il s’était bien désespéré, quand il avait bien geint, quand il avait bien soupiré, il disait :

— Eh bien, voyons, Françoise, puisqu’il est là, faites entrer.

Alors, on faisait entrer la personne.

Il n’en fut pas ainsi de moi. À peine M. Villenave eut-il entendu mon nom, qu’il s’écria :

— Qu’il entre ! qu’il entre !

J’entrai.

— Ah ! c’est vous, me dit-il. Eh bien, je parie que vous ne l’avez pas trouvé ?

— Quoi ?

— Ce fameux autographe que vous m’aviez promis hier.

— Si fait… Je l’ai trouvé.

— Et vous l’apportez ?

— Pardieu !…

— Vraiment ?

— Le voici !

— Oh ! mais donnez donc.

Je le lui donnai.

M. Villenave s’approcha vivement de la fenêtre.

— C’est bien cela, dit-il, voilà l’u… Oh ! c’est bien son u, il n’y a pas à en douter. Voyons : « 29 vendémiaire an iv. »  C’est cela !… Tenez, tenez ! — il alla à un carton, — tenez, en voici