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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/106

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

réunion qui avait lieu chez Robinet, et on y avait député Arago.

Depuis le matin, il n’avait pas perdu son temps.

« Pas d’armes ! » était le cri général ; à la Petite-Jacobinière, comme partout, on disait : « Pas d’armes ! »

Le théâtre du Vaudeville venait de jouer le Sergent Mathieu ; il y avait, par conséquent, dans le magasin d’accessoires, une vingtaine de fusils, de sabres et de gibernes.

Gauja et Étienne coururent au Vaudeville, mirent fusils, sabres et gibernes dans de grandes mannes d’osier qu’ils recouvrirent de toiles, recrutèrent commissionnaires et machinistes, et suivirent le cortège avec chacun un habit d’officier de la garde impériale sous leur redingote.

La place du Palais-Royal était encombrée de troupes. Un capitaine sortit des rangs.

— Que portez-vous là ? demanda-t-il aux commissionnaires.

— Un déjeuner de noces de chez Parly, capitaine, répondit Arago.

Le capitaine se mit à rire : la pointe des sabres et la pointe des baïonnettes passaient à travers les cloisons d’osier. Il tourna le dos, et rentra dans les rangs.

Fusils, sabres et gibernes arrivèrent à bon port à la Petite-Jacobinière, où ils furent distribués.

C’était à la suite de cette distribution qu’Étienne avait été envoyé chez Robinet.

À ces mots : « Si vous n’avez pas d’armes, il y en a chez les armuriers » chacun sortit.

Étienne courut chez le plus proche ; il était avec Gauja et un nommé Lallemand.

Cet armurier le plus proche demeurait rue de l’Université.

Après avoir indiqué à Étienne sa boutique, située à gauche de la rue de Beaune, je tournai à droite pour aller prendre mon fusil.

Étienne et Lallemand se précipitèrent dans la boutique de l’armurier au moment où celui-ci essayait de fermer sa porte. Plus heureux avec l’armurier que, la veille, ne l’avait été