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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/18

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

C’était par la bonté de son cœur, c’était par la loyauté de son patriotisme qu’il avait conquis cette popularité dont il jouissait.

Aussi, quand il mourut, j’écrivis ces mots prophétiques :

« Dieu vient de supprimer le seul obstacle qui existât entre la monarchie et la république. »

Et c’est pour cela que vous êtes mort, monseigneur ; c’est que vous étiez un obstacle, et que la république était une nécessité.


CXXXVII


Première représentation d’Hernani. — Le vieil as de pique. — Parodies. — D’où date l’histoire de Cabrion et de Pipelet. — Eugène Sue et Desmares. — Soulié me revient. — Il m’offre ses cinquante ouvriers en guise de claqueurs. — Première représentation de Christine. — Souper chez moi. — Hugo et de Vigny corrigent les vers empoignés.

Hernani avait été rendu à Hugo presque sans examen ; on n’avait pas eu le temps de nous le relire, Taylor tenant à monter l’ouvrage avant son départ pour l’Égypte.

Nous fûmes invités à entendre la lecture au comité, qui était en même temps la lecture aux acteurs, la pièce étant reçue d’avance.

Cette lecture fit un immense effet ; pourtant, je préférais, et je préfère encore Marion Delorme.

À deux heures, le jour de la représentation, nous étions dans la salle.

Nous comprenions bien que la victoire remportée par de Vigny était une victoire sans portée. Ce n’était pas de Shakspeare, de Gœthe et de Schiller que les gens sensés doutaient, c’était de nous.

Nous demandions un théâtre national, original, français, et non pas grec, anglais ou allemand : c’était à nous de le faire.