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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/196

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

À deux heures, Étienne rentra couvert de sueur et de poussière.

Le duc de Chartres était sauvé.

En effet, grâce au retard du Vaudeville et à un second incident que nous allons rapporter tout à l’heure, le messager était arrivé à temps.

Le duc de Chartres avait avec lui le général Baudrand et M. de Boismilon.

M. Lhuillier fit remonter dans la voiture du prince l’aide de camp et le secrétaire, les invita à partir et à attendre le duc de Chartres à la Croix-de-Berny.

Lui se chargeait de conduire le prince sain et sauf au même endroit.

En effet, tandis qu’en calèche, le général Baudrand et M. de Boismilon sortaient par la grande porte, et prenaient la grande route, M. le duc de Chartres montait en cabriolet avec M. Lhuillier, sortait par une porte de derrière, et, par une route de traverse, regagnait le chemin de Joigny, à un quart de lieue au-dessous de l’endroit où M. Baudrand et M. de Boismilon attendaient le prince.

Une circonstance particulière avait encore servi cette fuite et la bonne volonté d’Arago. En arrivant à la barrière du Maine, les hommes avaient été arrêtés ; il y avait défense de laisser sortir de Paris aucune troupe armée.

Le premier mouvement fut de forcer l’obstacle ; puis l’on consentit à parlementer avec le poste du corps de garde ; puis, enfin, on fraternisa. Une partie des hommes entra dans le corps de garde même ; l’autre s’assit dans ces fossés creusés entre les arbres pour recevoir les eaux de pluie. Arago fit venir du pain et quelques bouteilles de vin, et se chargea d’aller aux nouvelles.

Une heure après, il était à Montrouge. M. le duc de Chartres venait d’en partir.

Arago prit une copie de la lettre du général la Fayette, afin de justifier de la relaxation du prince, et rapporta cette copie à ses hommes.

La nouvelle fut mal reçue par eux ; Étienne ne parvint à