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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/277

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

La proclamation suivante, affichée sur tous les murs de la capitale, annonça aux Parisiens cette acceptation :

« Habitants de Paris,

» Les députés de la France, en ce moment réunis à Paris, ont exprimé le désir que je me rendisse dans cette capitale pour y exercer les fonctions de lieutenant général du royaume.
» Je n’ai point balancé à venir partager vos dangers, à me placer au milieu de cette héroïque population, et à faire tous mes efforts pour vous préserver de la guerre civile et de l’anarchie. En rentrant dans la ville de Paris, je portais avec orgueil ces couleurs glorieuses que vous avez reprises, et que j’avais moi-même longtemps portées.
» Les Chambres vont se réunir ; elles aviseront au moyen d’amener le règne des lois et le maintien de l’ordre.
Une charte sera désormais une vérité.

» L.-P. d’Orléans.

Il y avait trois choses remarquables dans cette proclamation.

D’abord, M. le duc d’Orléans déclarait qu’il n’avait point balancé à venir partager les dangers de la population parisienne ; ce qui était un mensonge, puisque, au contraire, le duc d’Orléans s’était caché à Neuilly et au Raincy pendant le danger, et n’était arrivé à Paris que dans la nuit du 30 au 31, c’est-à-dire quand le danger était passé.

Ensuite, M. le duc d’Orléans annonçait que les Chambres allaient se réunir pour aviser aux moyens d’amener le règne des lois et le maintien de l’ordre ; ce qui était une calomnie contre le peuple, attendu que, si jamais peuple respecta les lois et maintint l’ordre, ce fut le peuple de juillet.

Enfin, M. le duc d’Orléans, qui écrivait qu’une charte serait désormais une vérité, devait dire, dès le lendemain, non plus une charte, mais la Charte, changement imperceptible à l’œil, presque imperceptible à l’oreille, et qui entraînait cependant avec lui cette grave conséquence que la France, au lien d’avoir une charte nouvelle, aurait tout bonnement la charte de Louis XVIII ; ce qui faisait que le roi des barricades, en utili-