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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/305

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NOTES

du parti républicain, et il y en avait une raison fort simple, c’est que ce parti n’existait pas alors, ni à Paris ni en France. Il se réduisait, à Paris, à cent cinquante ou deux cents adeptes, jeunes gens, il est vrai, pleins d’activité et de courage, mais qui n’avaient d’importance que par leur chef ; le général la Fayette. Or, le général la Fayette n’était pas de leur parti ; aussi en furent-ils abandonnés dès le premier pas.

« Je ne veux point dire par là que le général la Fayette n’était pas entré, sous la Restauration, dans la conspiration de Béfort et dans plusieurs autres ; j’ai assez connu les affaires secrètes de ce temps pour ne pas l’ignorer ; mais ces conspirations n’étaient pas républicaines. Je ne veux pas même dire que, dans les deux dernières années de sa vie, il ne se soit mêlé sérieusement à quelques combinaisons contre Louis-Philippe, et je reconnais qu’à cette époque le parti républicain avait déjà plus d’action ; mais le général la Fayette recherchait surtout le mouvement et la popularité. M. Laffitte disait de lui, avec beaucoup d’esprit, sous la Restauration : « La Fayette est une statue qui cherche son piédestal ; que ce piédestal soit un fauteuil de dictateur ou un échafaud, peu lui importe. »

» Si M. Dumas veut savoir les motifs qui ont déterminé le général la Fayette à abandonner le parti républicain, il peut les demander à M. Odilon Barrot, qui a dû les connaître.

» M. Odilon Barrot s’était présenté, à nous à l’hôtel de ville, non pas le 28, mais le 31 juillet ; il était porteur d’une lettre de M. Laffitte, qui nous priait de le nommer notre secrétaire. Nous le connaissions tous, et il jouissait dès lors d’une réputation trop honorable pour que la recommandation ne fût pas accueillie. M. Mérilhou et M. Baude nous étaient déjà attachés en la même qualité ; M. Barrot leur fut adjoint. Mais la mission qu’il avait reçue de M. Laffitte n’était pas de rester auprès de nous : elle était de s’établir auprès du général la Fayette, avec qui il avait déjà, par sa famille, des rapports d’intimité. C’est lui qui a servi d’intermédiaire entre M. Laffitte et le général la Fayette, ce qui lui a donné une assez grande action sur les événements. On craignait que le général la Fayette ne conservât quelque rancune contre le duc d’Orléans, à raison de certains actes de la première révolution, et qu’il ne se laissât entraîner par les jeunes gens qui l’entouraient à une tentative républicaine.

» Je voudrais finir, et je vous prie, cependant, de me permettre d’ajouter encore un mot.

» On a dit, dans votre journal, et M. A. Dumas a répété, je crois, que M. Casimir Périer nous avait refusé deux millions que nous lui de-