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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/91

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

ou militaire, ou après s’être revêtu de l’uniforme ou du costume du fonctionnaire ou de l’officier, ou en alléguant un faux ordre de l’autorité civile ou militaire. »

À mesure que Baude lisait, le serrurier portait la main à sa casquette ; à la fin de l’article, il écoutait le lecteur la tête découverte.

À cette manifestation de respect d’un homme du peuple envers la loi, la foule éclata dans un immense applaudissement.

Le commissaire insista ; le serrurier, obéissant à cette voix impérative, fit un mouvement pour entrer.

Baude s’effaça, et, lui livrant le passage :

— Faites ! dit-il ; vous savez qu’il n’y va pour vous que des travaux forcés.

Le serrurier s’arrêta une seconde fois. Les applaudissements redoublèrent.

Le commissaire renouvela l’ordre de crocheter les portes.

— Messieurs, dit Baude à haute voix, j’en appelle de M. le commissaire au jury, et des ordonnances à la cour d’assises. Les noms de ceux qui voudront témoigner de la violence qui m’est faite ?

Cinq cents voix répondirent à la fois.

À l’instant même, les crayons et les papiers circulèrent dans la foule avec une ardeur et une unanimité admirables ; chacun prenait à son tour le crayon, et inscrivait son nom et son adresse sur le papier. Puis on passait toutes ces adresses à Baude.

— Vous le voyez, monsieur, dit-il au commissaire de police, les témoins ne me manqueront pas.

— Ma foi ! monsieur le commissaire, dit enfin le serrurier, chargez qui vous voudrez de la commission ; quant à moi, je me récuse.

Et, remettant son bonnet sur sa tête, il se retira.

Les vivats et les applaudissements l’accompagnèrent.

— Il faut, cependant, que force reste à la loi ! dit le commissaire.