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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/100

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

C’est aux environs de Tiffauges que la Vendée commence à se présenter avec ces accidents de terrain qui nous furent si fatals pendant la guerre de la chouannerie.

Qu’on me permette de reproduire textuellement ici un fragment du rapport qu’à mon retour à Paris, je mis sous les yeux du général la Fayette, rapport qui, ainsi qu’on le verra plus tard, passa également sous les yeux du roi Louis-Philippe.

« … D’abord, le mot Vendée, considéré politiquement, comprend un plus grand espace de terrain que ne lui en assigne la topographie. Cela vient de ce que le nom d’un seul département a donné le baptême à une guerre dont, en réalité, quatre départements furent le théâtre. Aussi désigne-t-on généralement sous le nom collectif de Vendée les départements de Maine-et-Loire, du Morbihan, des Deux-Sèvres et de la Vendée.
» Aucune contrée de la France ne ressemble à la Vendée ; c’est un pays à part dans notre pays.
» Peu de grandes routes la traversent.
» Je parlerai tout à l’heure de ces grandes routes.
» Les autres moyens de communication, et, par conséquent, de commerce, consistent en chemins de quatre ou cinq pieds de large bordés, de chaque côté, par un talus rapide couronné lui-même d’une haie vive taillée à hauteur d’homme, dans laquelle se trouvent jalonnés, de vingt pas en vingt pas, des chênes dont les branches forment, en se réunissant, un berceau au-dessus du chemin. À cette haie viennent aboutir transversalement, et de distance en distance, les autres haies qui servent de limites aux champs des particuliers, lesquels champs se trouvent, par ce système, convertis en autant d’enclos n’ayant presque jamais plus d’un ou deux arpents, et affectant toujours la forme d’un carré long.
» Chacune de ces haies n’a qu’un passage nommé échalier ; c’est quelquefois une espèce de barrière semblable à celles qui ferment les parcs des moutons ; c’est plus souvent un fagot de même essence que la haie, qui, s’emboîtant dans la