Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

ou cinquante nobles, qui ont lieu une fois ou deux par semaine, soit aux Lavoirs, soit aux Herbiers, soit aux Combouros.
» Le moyen d’excitation dont on se sert est la soustraction des journaux, qui n’arrivent que par commissionnaires, la poste passant seulement à Beaupréau, Chemillé et Chollet.
» Parmi les villes et les villages qui ne cachent en aucune façon l’espoir d’un prochain soulèvement, il faut compter en première ligne Beaupréau, Montfaucon, Chemillé, Saint-Macaire, le May et Trémentines.
« Le cœur de la révolution royaliste est à Montfaucon ; fût-elle éteinte par toute la France, là on sentirait encore battre l’artère de la guerre civile. Cette révolution éclaterait infailliblement par la présence du dauphin, de Madame, ou même tout simplement le jour où il y aurait déclaration de guerre entre la France et une puissance étrangère quelconque, mais surtout si cette puissance était l’Angleterre, laquelle, pour la troisième fois, jetterait des armes et des hommes sur les côtes, éloignées seulement de dix à onze lieues du département de Maine-et-Loire, où ces hommes et ces armes pénétreraient sans obstacle par l’ouverture qui se trouve entre Clisson et Chollet.
» Les moyens de prévenir une insurrection nous paraissent être ceux-ci :
» 1o Percer des routes.
» En général, le peuple ne voit, dans une route percée à travers un pays impraticable, qu’une facilité donnée au commerce de s’étendre. Le gouvernement, s’il est libéral, y verra, de son côté, un but politique ; la civilisation suivra le commerce, et la liberté, la civilisation. Les relations avec les autres départements dépouilleront le département à craindre de sa rudesse primitive ; les nouvelles vraies se répandront facilement ; les nouvelles fausses seront aussitôt démenties ; des bureaux de poste s’ouvriront dans tous les chefs-lieux de canton ; la gendarmerie y établira un service actif et régulier ; puis, enfin, les troupes y circuleront, en cas de besoin, d’une manière incisive.