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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/128

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

suivre de sa réponse. Notre seul commentaire sera de souligner certains passages :

« Monsieur mon frère,

» J’annonce mon avènement au trône à Votre Majesté par la lettre que lui présentera, en mon nom, le général Athalin ; mais j’ai besoin de lui parler avec une entière confiance sur les suites de la catastrophe que j’aurais tant voulu prévenir.

» Il y avait longtemps que je regrettais que le roi Charles X et son gouvernement ne suivissent pas une marche mieux calculée pour répondre à l’attente et au vœu de la nation ; j’étais bien loin de prévoir pourtant les prodigieux événements qui viennent de se passer, et je croyais même qu’à défaut de cette allure franche et loyale dans l’esprit de la Charte et de nos institutions, qu’il était impossible d’obtenir, il aurait suffi d’un peu de prudence et de modération pour que le gouvernement pût aller longtemps encore comme il allait ; mais, depuis le 8 août 1829, la composition du nouveau ministère m’avait fort alarmé. Je voyais à quel point cette composition était odieuse et suspecte à la nation, et je partageais l’inquiétude générale sur les mesures que nous devions en attendre. Néanmoins, l’attachement aux lois, l’amour de l’ordre ont fait de tels progrès en France, que la résistance au ministère ne serait certainement pas sortie des voies parlementaires, si dans son délire le ministère lui-même n’eût donné le fatal signal par la plus audacieuse violation de la Charte, et par l’abolition de toutes les garanties de notre liberté nationale, pour lesquelles il n’est guère de Français qui ne soit prêt à verser son sang. Aucun excès n’a suivi cette lutte terrible.

» Mais il était difficile qu’il n’en résultât point quelque ébranlement dans notre état social, et cette même exaltation des esprits, qui les avait détournés de tant de désordres, les portait, en même temps, vers des essais de théories politiques qui auraient précipité la France et peut-être l’Europe dans de terribles calamités ; c’est dans cette situation, sire, que