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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/130

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Une lettre si pleine de tendres assurances, si obséquieuse, si humble, eût bien mérité une réponse polie.

Voici celle de Sa Majesté l’empereur de toutes les Russies :

« J’ai reçu des mains du général Athalin la lettre dont il était porteur. Des événements à jamais déplorables ont placé Votre Majesté dans une cruelle alternative : elle a pris une détermination qui lui a paru la seule propre à sauver la France des plus grandes calamités, et je ne me prononcerai pas sur les considérations qui ont guidé Votre Majesté ; mais je forme des vœux pour que la Providence veuille bénir ses intentions et les efforts qu’elle va faire pour le bonheur du peuple français. De concert avec mes alliés, je me plais à accueillir le désir que Votre Majesté a exprimé d’entretenir les relations de paix et d’amitié avec tous les États de l’Europe, tant qu’elles seront basées sur les traités existants et sur la ferme volonté de respecter les droits et obligations, ainsi que l’état de possession territoriale qu’ils ont consacrés ; l’Europe y trouvera une garantie de la paix, si nécessaire au repos de la France elle-même. Appelé, conjointement avec mes alliés, à cultiver avec la France, sous son gouvernement actuel, ces relations conservatrices, j’y apporterai, pour ma part, toute la sollicitude qu’elles réclament, et les dispositions dont j’aime à offrir à Votre Majesté l’assurance, en retour des sentiments qu’elle m’a exprimés.

« Je la prie d’agréer, en même temps, l’assurance de mes sentiments pour elle.

» Nicolas. »

Ainsi, Louis-Philippe en avait été pour ses frais de fraternité ; Nicolas le tolérerait peut-être s’il respectait les traités de 1815, et on lui offrait des dispositions en échange de l’assurance des sentiments qu’il avait envoyés.

C’est que justement là était l’embarras de la situation nouvelle.

Nous avons dit que la révolution de juillet était la dernière amorce de Waterloo ; et, en effet, aussitôt le fait de la révolu-