Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Libre comme l’air ! Et d’ailleurs, il y a un moyen de me rendre plus libre encore…

— Lequel ?

— C’est d’envoyer aujourd’hui même ma démission.

— Si c’est comme cela, je me charge de te faire admettre… Je crois qu’il manque un ou deux hommes à la quatrième batterie ; tu n’as pas de préférence ?

— Non.

— D’ailleurs, c’est la mienne.

— Alors, j’ai une préférence : fais-moi recevoir dans la quatrième batterie.

— J’en parlerai ce soir à Cavaignac et à Bastide.

— C’est convenu ?

— Pardieu !

— Au revoir.

— Au revoir.

Je rentrai chez moi ; je pris du papier, une plume, de l’encre, et j’écrivis la démission suivante :

« Sire,

» Mes opinions politiques n’étant point en harmonie avec celles que Votre Majesté a le droit d’exiger des personnes qui composent sa maison, je prie Votre Majesté d’accepter ma démission de la place de bibliothécaire.
« J’ai l’honneur d’être, avec respect, etc.

» Alex. Dumas. »

Je demande pardon pour le style, c’est celui de l’époque.

Puis, à l’adresse de Bixio, je jetai à la poste un petit billet contenant cette seule ligne :

Alea jacta est !

On verra plus tard comment, ma lettre n’étant point parvenue entre les mains du roi, je fus obligé de donner une seconde démission, qui fut insérée dans les journaux, et répétée dans la préface de Napoléon.