CLXXIV
Sur la même table où je venais d’écrire ma démission était une lettre qu’à l’écriture je reconnus pour être d’Harel. Je l’ouvris, tremblant qu’il ne me reparlât de ce malheureux drame de Napoléon, qui était devenu mon cauchemar.
Point : il m’envoyait une loge pour la première représentation de la Mère et la Fille, et m’invitait à souper après le spectacle.
J’envoyai ma loge à Marie Nodier, en m’y réservant une place. Il y avait si longtemps que je négligeais mes chers amis de l’Arsenal, que j’avais grand besoin de les revoir.
À huit heures, j’étais à l’Odéon.
J’ai déjà dit mon opinion sur la Mère et la Fille : c’est une des meilleures pièces de Mazères ; c’est la meilleure d’Empis.
Frédérick y fut sublime de simplicité, de douleur poignante, de désespoir étouffé. Les autres rôles étaient ce que l’on appelle, en termes de théâtre, bien tenus.
Marie pleura, madame Nodier pleura, madame de Tracy pleura ; ce fut, pour les auteurs, un véritable triomphe de larmes.
À minuit, nous étions chez Harel, Lockroy, Janin et moi, le félicitant du succès.
Harel recevait nos compliments se frottant les mains, se fourrant du tabac dans le nez, et ne disant pas un mot du Napoléon. Je ne reconnaissais pas mon Harel ; je commençais à croire qu’il avait donné la pièce à faire à un autre. Ce silence me semblait d’autant plus bizarre, que M. Crosnier