Aller au contenu

Page:Dumas - Mes mémoires, tome 7.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

bre, sous le contraste de ses draps blancs et de son édredon pourpre. Il y avait sur la descente du lit en peau d’ours, des pantoufles toutes préparées. D’un côté de la cheminée était une causeuse de velours ; de l’autre côté, un grand fauteuil en tapisserie.

— Tiens, dis-je, voici une bonne chambre, bien confortable ; on doit bien y dormir et bien y travailler.

— Ah ! dit Harel, ma foi ! je suis enchanté qu’elle vous plaise.

— Pourquoi cela ?

— Parce que c’est la vôtre.

— Comment, la mienne ?

— Oui… Et, comme vous n’en sortirez pas que vous n’ayez fait mon Napoléon, il faut que vous vous trouviez bien, pour ne pas être de trop mauvaise humeur pendant votre emprisonnement.

Un frisson me courut par tout le corps.

— Harel ! m’écriai-je, pas de bêtises, mon ami !

— Justement, pas de bêtises !… Vous en avez fait une grande de ne pas vous être mis à l’ouvrage quand je vous l’ai demandé… J’en ai fait une grande en ne commandant pas la pièce à un autre… mais je vous en avais parlé, et je n’ai qu’une parole. Je trouve donc que nous avons été suffisamment bêtes tous les deux, pour des gens d’esprit, et qu’il est bien temps que nous redevenions spirituels.

— Allons donc ! vous n’y pensez pas ! Je n’ai pas le moindre plan arrêté pour votre Napoléon.

— Vous m’avez dit que vous aviez refait Christine dans une nuit.

— Il me faut des livres… Bourrienne, Norvins, Victoires et Conquêtes… :

— Voici Victoires et Conquêtes dans un coin ; voici Bourrienne dans l’autre ; voici Norvins sur la table.

— Il me faut le Mémorial de Sainte-Hélène.

— Le voici sur la cheminée.

— Mon fils…

— Il viendra demain dîner avec nous.